Aah l'Italie... Sa cuisine occidentale, ses volcans, Venise et ses gondoles,... Et ben non ! Enfin presque. C'est dans la Vallée d'Aoste que nous sommes arrivés, le Jeudi 14 Mars. Nous avons donc quitté les parents de Manon, non sans émotion, et donné nos premiers coups de pédales sur le sol italien. Mais ce n'est pas vers la célèbre ville des amoureux que nous nous sommes dirigés. Non, non ! Nous avons préféré tracer en direction de la Ligurie avec Gênes et les magnifiques villages de Cinque Terre. Une traversée de la Toscane où l'on découvre Pise, Florence et Sienne, avec leurs paysages vallonnés. Puis nous nous sommes ensuite dirigés vers le Latium, qui abrite la fameuse capitale romaine ! Un petit tour en Campanie, dans le coin de Naples et nous traverserons ensuite la Basilicate pour arriver enfin dans la région des Pouilles. Nous avons traversé 8 régions, en 30 jours. Il s'agissait de 1745 km de spaghettis, de monuments antiques impressionnants et de « Ciao ! » lancés en pleine montée pour nous encourager. Nous avons découvert une Italie très contrastée, dont les paysages, les mentalités et les niveaux de vie diffèrent largement selon les régions.
Ce qui nous a marqué
Si Manon a appris à ne plus guidonner après les premiers kilomètres, nous savons aussi désormais comment bien maîtriser le slalom ! Le réseau routier italien n’est vraiment pas en bon état, il ne semble, à vrai dire, pas tellement entretenu. Entre les routes qui s'effondrent, celles qui ont craqué et les nids de poules que l'on ne compte plus, il nous a fallu pas mal d'habileté certaines fois pour ne pas y laisser nos vélos... Ou bien nos fesses ! En bref, nous sommes plutôt bien lotis à ce niveau-là en France !
La conduite des italiens a une réputation qui les précède... En effet, entre la vitesse et tout ce qui en France peut relever d’une infraction au code de la route, nous en avons vu de belles ! La ligne continue fait bien souvent office de voie de dépassement. On constate également que la plupart des conducteurs de scooters roulent cheveux au vent... Et ce, bien sûr, en passant devant les voitures des Carabinieri sans aucun souci. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir plus de deux personnes sur un deux roues. Et dans ce cas, ils sont imbattables au Tétris ! Le gamin debout devant le conducteur, un passager assis, un second debout, et presque un petit dernier sur le guidon...
Globalement, que ce soit à vélo ou bien à pieds, nous nous sommes petit à petit adaptés à la façon de circuler italienne. Tant que nous ne nous posons pas de questions, tout reste fluide et c’est finalement le moins dangereux. Ne surtout pas hésiter !
Nous avons croisé énormément de maisons abandonnées. Souvent des ruines, mais aussi des maisons dont les travaux ont été commencés, mais jamais terminés. On observe alors la plupart du temps, quatre murs et un toit, sans portes ni fenêtres, sans peintures ni finitions. Mais pour autant, les lieux laissent à penser que jamais les travaux ne reprendront. Ces maisons nous ont bien souvent aidés lors de notre trajet. Pour nous abriter, avant Rome, lorsque nous étions en pleine tempête à faire face à des rafales nous poussant jusque dans les fossés. Ou bien encore, pour nous héberger à Oppido Lucano. Une petite ruine nous offrait ce soir-là une vue imprenable sur les collines environnantes, mais aussi un calme vraiment reposant pour la nuit.
Célèbres véhicules, les Piaggio Ape possèdent trois roues et sont un bon intermédiaire entre la voiture et le scooter. Leur petite taille très pratique permet pour autant de transporter un peu de matériel. Les italiens semblent l'utiliser énormément. Nous en avons croisé partout, aussi bien en ville qu'en campagne, avec parfois des chargements totalement improbables...
Nous avons trouvé une quantité impressionnante de déchets sur les routes en quittant Rome et ce jusqu’après Naples. Une véritable désolation ! Dans le Sud du pays, il est également fréquent de croiser des prostituées, assisses sur une chaise à attendre un client.
En Italie, il est courant de rencontrer des familles vous présentant leur domestique. Chose pouvant être vue péjorativement en France, mais qui semble ne pas être un problème ici. L’immigration est importante en Italie. Et les relations entre la domestique et la famille semblent privilégiées et respectueuses.
Les Italiens sont serviables, sympas, généreux et bien qu’ils aient le klaxon facile, c’est bien souvent positivement qu’ils en jouent. Nous totalisons un nombre impressionnant de signes de la main, de coups de klaxon, de pouce levé, d’encouragements de façon générale. Ils ont toujours été curieux en nous voyant arriver avec nos chargements à deux roues. Beaucoup nous ont interrogés et félicités en citant le premier mot de la devise française : Liberté !
Les coins sympas
Cinque Terre, vue d’en haut, car il y a beaucoup trop de monde en bas. Riomaggiore, le dernier village, reste vraiment chouette à voir de plus près. Son port est magnifique de jour, mais aussi au coucher de soleil et de nuit.
Sienne, car beaucoup moins touristique que Florence, un peu perchée sur les hauteurs et tout aussi jolie que sa grande sœur.
Buonconvento et ses remparts, petit village entre Sienne et Rome, très calme et dont les ruelles pavées sont très jolies.
La région de la Basilicate, qui nous a donné du fil à retordre en terme de dénivelé. Mais c’est aussi pour cette raison que nous l’avons tant admirée ! Les panoramas y sont nombreux, les villages se situent perchés dans les montagnes et l'on y trouve beaucoup de grands prés verts. C’est une région qui semble calme et apaisante, loin du brouhaha et de la circulation épuisante des villes de la Campanie par exemple.
Le Parco Nazionale dell’Alta Murgia, car vous n’y trouverez pas un chat ! Sûrement un ou deux bergers avec leur chien et leur troupeau de moutons, mais pas grand chose de plus. La route y est sinueuse et traverse des champs d’oliviers. C’est le printemps, les fleurs éclosent, la végétation est en pleine croissance, les couleurs sont variées, c’est beau. Le silence y est très agréable, vous y entendrez seulement le chant des oiseaux et celui du vent dans les branches d’arbres.
Les rencontres
Il fallait juste oser ! En Italie, nous avons bien souvent demandé pour camper. Aux locaux, si l'on pouvait planter la tente dans leur jardin. Aux agriculteurs, si ils acceptaient que l'on installe notre bivouac dans leurs champs d'oliviers. Il fallait oser sortir de notre zone de confort et nous avons alors fait des rencontres incroyables. Nous sommes souvent trop peureux, trop méfiants. Lâcher prise et accorder un peu plus facilement sa confiance, permet bien souvent de vivre des moments riches et intenses. Parfois même d’être surpris ! Et cela permet d’avoir des anecdotes plutôt atypiques à raconter ensuite.
Nous avons ainsi rencontré Thusitha, qui nous a notamment cuisiné de superbes spaghettis aux fruits de mer ! Beniamino, qui nous a hébergé le temps d'une nuit dans son garage. Cesare et Giovanni, qui nous ont offert une nuit digne d'une maison d'hôte et avec lesquels nous avons partagé le petit déjeuner... mais aussi des gens dont nous ne connaissons pas le prénom, souvent des agriculteurs ou éleveurs. Bien évidemment, il y a aussi eu Giuseppe, avec qui nous avons beaucoup partagé et échangé.
Enfin vaccinés contre la rage, nous avons eu plus d’une fois quelques frayeurs à cause de chiens... Souvent pas très contents de voir débouler des espèces de bonhommes perchés sur une chose encombrante et roulante, ils nous poursuivent parfois sur plusieurs dizaines de mètres, nous donnant un petit coup de chaud ! D’autres nous ont aussi surpris en voulant simplement jouer ou en veillant sur nous toute la nuit à côté de la tente.
Les incompréhensions
Nous avons eu beau faire plus de 1500 km dans ce pays, nous n’en comprenons toujours pas les panneaux... On vous explique ! Au rond point, on observe un panneau nous indiquant, par exemple, Rome à 30 km. Après avoir avancé quelques kilomètres, nous retrouvons à nouveau un panneau qui indique la direction de Rome, mais cette fois-ci, à 35 km... et pourtant, on vous le jure, nous avancions bien dans le bon sens ! Il nous est même arrivé d’avoir deux panneaux, un à droite et l’autre à gauche de la route. Les deux indiquant la même ville, mais sans en indiquer la même distance... Enfin, heureusement, ils indiquent malgré tout la même direction...
Un voyage des sens
Ce voyage n’est pas seulement rencontres et paysages. C’est aussi un voyage des sens. En terme d’odeurs, nous retiendrons la fraîcheur du citron et des oranges... Nombreux ont été les citronniers et les orangers nous narguant dans les champs, leurs fruits nous ont tellement souvent donné envie.
En terme de goût, nous retiendrons bien évidemment celui de la Mozzarella Di Bufala, qui nous a complètement conquis ! Mais nous avons également beaucoup apprécié les glaces artisanales italiennes et leurs granitas. Ou encore les célèbres pizzas, la focaccia, les troffiés et les différents pestos. Nous avons par ailleurs été surpris par la Cecina à Pise. Proche de l'omelette au niveau visuel, cette sorte de pâte à la texture particulière est faîte à base de farine de pois chiches, d'eau et d'huile d'olive. Simple, mais efficace !
En terme de ressenti, nous savourons toujours le soleil qui nous réchauffe le visage lorsqu’il pointe enfin son nez le matin après une nuit bien fraîche. Pas toujours notre ennemi lorsqu’il nous fait face, le vent nous a aussi parfois simplement rafraîchis en pleine suée dans une côte. Quant à la pluie, elle ne s’est jamais présentée comme une amie. Nous réveillant la nuit et nous donnant envie d’aller faire pipi. Nous trempant la journée, parfois nous obligeant même à abdiquer.
Ce voyage est riche, il nous permet de vivre pleinement et intensément. Nous savons pourquoi nous effectuons tant d’effort à grimper au sommet, lorsque justement nous y parvenons. Nous savons pourquoi nous parcourons autant de route, lorsque nous rencontrons tant de gens si différents, tous plus gentils et généreux les uns que les autres.
